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ruth,

Partout aux yeux de Ruth un épi vient s’offrir ;
Elle porte ses biens vers le toit solitaire
Où Noémi cachait ses pleurs et sa misère.
Elle arrive en chantant : « Bénissons le Seigneur,
Dit-elle ; de Booz il a touché le cœur.
À glaner dans son champ ce vieillard m’encourage ;
Il dit que sa moisson du pauvre est l’héritage. »
De son travail alors elle montre le fruit.
« Oui, lui dit Noémi, l’Éternel vous conduit ;
Il veut votre bonheur, n’en doutez point, ma fille.
Le vertueux Booz est de notre famille ;
Et nos lois… Je ne puis vous expliquer ces mots,
Mais retournez demain dans le champ de Booz ;
Il vous demandera quel sang vous a fait naître ;
Répondez : Noémi vous le fera connaître ;
La veuve de son fils embrasse vos genoux.
Tous mes desseins alors seront connus de vous.
Je n’en puis dire plus ; soyez sûre d’avance
Que le sage Booz respecte l’innocence,
Et que vous voir heureuse est mon plus cher désir. »
Ruth embrasse sa mère, et promet d’obéir.
Bientôt un doux sommeil vient fermer sa paupière.

Le soleil n’avait pas commencé sa carrière
Que Ruth est dans le champ. Les moissonneurs lassés
Dormaient près des épis autour d’eux dispersés ;
Le jour commence à naître ; aucun ne se réveille.
Mais, aux premiers rayons de l’aurore vermeille,