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tobie,

C’est un juste, un bon père, un cœur pur, bienfaisant,
Qui n’aime que son Dieu, les humains, son enfant.
Ah ! ces vertus pour vous ne sont point étrangères ;
Lisez, lisez Tobie à côté de vos mères.

À Ninive autrefois, quand les tribus en pleurs
Expiaient dans les fers leurs coupables erreurs,
Il fut un juste encore ; il avait nom Tobie.
Consacrant à son Dieu chaque instant de sa vie,
Vieillard, malheureux, pauvre, il n’en donnait pas moins
Aux pauvres des secours, aux malheureux des soins.
À travers les dangers, par des routes secrètes,
De ses frères captifs parcourant les retraites,
Il consolait la veuve, adoptait l’orphelin ;
Le cri d’un opprimé réglait seul son chemin ;
Et lorsque ses amis, effrayés de son zèle,
Lui présageaient du roi la vengeance cruelle :
« Je crains Dieu, disait-il, encor plus que le roi,
Et les infortunés me sont plus chers que moi. »

Un jour, après avoir, pendant la nuit obscure,
À des morts délaissés donné la sépulture,
De travail épuisé, de fatigue abattu,
Sa force ne pouvant suffire à sa vertu,
Le vieillard lentement au pied d’un mur se traîne.
Il dormait, quand l’oiseau que le printemps ramène,
Du nid qu’il a construit au-dessus de ce mur,
Fait tomber sur ses yeux un excrément impur.