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t’aperçois-tu pas que la gourmandise t’enlève chaque année, plus d’habitants que la peste, la guerre et la famine ne pourraient en détruire ? Tes véritables fléaux sont tes festins fréquents, qui sont si outrés qu’on ne saurait faire des tables assez grandes pour arranger la quantité de plats dont la prodigalité les couvre, en sorte qu’on est obligé de servir les viandes et les fruits par pyramides. Quelle fureur ! quelle folie ! Mets-y ordre pour l’amour de toi-même… Ôtez cette mort du milieu de vous, et cette peste inconnue à nos pères… »

Né avec une constitution très-faible, Cornaro ne put résister longtemps à de tels excès, à cette mort, à cette peste, comme il les appelle. Il y perdit la santé. À trente-cinq ans, ses médecins ne lui donnaient plus que deux ans de vie.

Cet avertissement, très-sérieux, fut pris très-sérieusement. Cornaro rompit avec ces habitudes funestes. À la vie dissipée il lit succéder la vie régulière, et la sobriété à l’intempérance.