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belle vie, sur la victoire qu’il a remportée ; il s’admire de vivre ; il s’écrie : « Ce que je vais dire paraîtra impossible ou difficile à croire ; rien cependant n’est plus véritable ; c’est un fait connu de bien des gens et digne de l’admiration de la postérité. J’ai atteint ma quatre-vingt-quinzième année, et je me trouve sain, gaillard et aussi content que si je n’avais que vingt-cinq ans.

« Rien n’est plus avantageux à l’homme, dit Cornaro, que de vivre longtemps, » maxime qui sera peu contestée, mais les raisons qu’il en donne sont curieuses : « Si l’on est cardinal, dit-il, on peut devenir pape en vieillissant ; si l’on est considérable dans sa république, on peut en devenir le chef ; si l’on est savant, si l’on excelle en quelque art, on excellera encore davantage… »

Il donne bientôt des raisons d’un ordre plus élevé. « Ce qui me cause le plus sensible plaisir, dit-il, c’est de voir que l’âge et l’expérience peuvent rendre un homme plus savant que ne le feraient les écoles… On ne connaît pas le prix de dix années d’une vie