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art et pornographie

des circonstances et des perspectives peut effacer du crime tout ce qui en fait l’horreur, auréoler, pour ainsi dire, le criminel du prestige de l’adresse, de la force ou du courage, rendre ainsi contagieux l’exemple et provoquer l’immoralité. Même alors, cette figuration du mal par la plume ne saurait s’appeler pornographique. Il n’y a pornographie que lorsqu’il y a représentation de certains actes, de certains sujets. Et la racine grecque du mot indique bien le genre de ces sujets. Pornographie veut dire en effet ce qui parle, ce qui traite (graphein, écrire) de la prostitution (pornè, courtisane). Les sujets pornographiques appartiennent donc tous à une certaine catégorie d’actes qui se trouvent suffisamment définis par ce que nous venons de dire.

Cependant le mot a pris dans la langue usuelle une signification restreinte. Il a maintenant un sens péjoratif qui serait injuste si on l’appliquait à des livres graves, rédigés uniquement dans l’intérêt de la science et du bon ordre public. L’auteur d’une histoire des courtisanes, de toute la législation à laquelle ces femmes ont été soumises, de toutes les institutions auxquelles leur existence a donné lieu ne saurait, sans injustice et malgré l’étymologie, être qualifié d’écrivain pornographique, non plus que le sociologue ou le médecin qui étudient les milieux sociaux où la courtisane peut naître, pulluler ou se raréfier, les tares physiologiques qui condi-