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ŒUVRES DE FONTANES.

Et cette grande erreur du Siècle de la gloire.
Quel amour, quels respects doivent suivre le nom
De cet homme de paix, du sage Fénelon,
Qui parut, en ces jours de scandale et de guerre,
L’ange consolateur descendu sur la terre !
Lui seul, en désarmant le soldat inhumain,
Il subjugua les cœurs l’Évangile à la main.
Ô des mœurs et des arts attendrissant modèle !
Son goût fut aussi pur que son âme était belle.
Son génie et son cœur prouveront à jamais
Le Dieu dont sa vertu retraça tous les traits ;
Et dans un seul mortel à la fois on révère
L’exemple des Chrétiens et le rival d’Homère.
On imita trop peu ses préceptes divins.

 Aujourd’hui, sur les pas des plus grands écrivains
S’approche la Raison, qui, chassent l’ignorance,
D’un meilleur avenir apporte l’espérance.
Ils ne s’abusaient pas, ces sages révérés
Qui disaient : « Le bonheur s’avance par degrés. »
Peut-on de leurs accents méconnaître l’empire ?
Eux seuls du fanatisme ont éteint le délire.
De l’humaine raison qui rampait, faible encor,
Combien leur noble audace encouragea l’essor !
Leur voix toute-puissante, en dépit de la haine,
Régit l’Opinion, cette invisible reine,
Plus forte, sans soldats, que le glaive et les lois,
Qui soumet tout enfin, et règne sur les rois.
Ce sublime Voltaire, oracle de la France,
N’a donc point vainement prêché la tolérance !