Page:Fontenelle - Entretiens sur la pluralité des mondes, Leroy, 1820.djvu/8

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lui plaît autant que s’il étoit fait exprès pour elle.

Quand j’ai trouvé quelques morceaux qui n’étoient pas tout-à-fait de cette espèce, je leur ai donné des ornemens étrangers. Virgile en a usé ainsi dans ses Géorgiques, où il sauve le fond de sa matière, qui est tout à fait sèche, par des digressions fréquentes et souvent fort agréables. Ovide même en a fait autant dans l’Art d’aimer, quoique le fond de sa matière fût infiniment plus agréable que tout ce qu’il y pouvoit mêler. Apparemment, il a cru qu’il étoit ennuyeux de parler toujours d’une même chose, fût-ce de préceptes de galanterie. Pour moi qui avois plus de besoin que lui du secours des digressions, je ne m’en suis pourtant servi qu’avec assez de ménagement. Je les ai autorisées par la liberté naturelle de la conversation ; je ne les ai placées que dans des endroits où j’ai cru qu’on seroit bien aise de les trouver ; j’en ai mis la plus