Page:Fontenelle - Entretiens sur la pluralité des mondes.djvu/125

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

d’animaux nouvellement découvertes, & même toutes celles que l’on conçoit aisément qui sont encore à découvrir, avec celles que l’on a toujours vues, vous trouverez assurément que la terre est bien peuplée, & que la nature y a si libéralement répandu les animaux, qu’elle ne s’est pas mise en peine que l’on en vît seulement la moitié. Croirez-vous qu’après qu’elle a poussé ici sa fécondité jusqu’à l’excès, elle a été pour toutes les autres planètes d’une stérilité à n’y rien produire de vivant ?

Ma raison est assez bien convaincue, dit la Marquise, mais mon imagination est accablée de la multitude infinie des habitants de toutes ces planètes, & embarrassée de la diversité qu’il faut établir entre eux ; car je vois bien que la nature, selon qu’elle est ennemie des répétitions, les aura tous faits différens ; mais comment se représenter tout cela ? Ce n’est pas à l’imagination à prétendre