Page:Fontenelle - Entretiens sur la pluralité des mondes.djvu/164

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dans l’obscurité. Peut-être Mars a-t-il de grands rochers fort élevés, qui sont des phosphores naturels, & qui prennent pendant le jour une provision de lumière qu’ils rendent pendant la nuit. Vous ne sauriez nier que ce ne fût un spectacle assez agréable de voir tous ces rochers s’allumer de toutes parts dès que le Soleil seroit couché, & faire sans aucun art des illuminations magnifiques, qui ne pourroient incommoder par leur chaleur. Vous savez encore qu’il y a en Amérique des oiseaux qui sont si lumineux dans les ténèbres qu’on s’en peut servir pour lire. Que savons-nous si Mars n’a point un grand nombre de ces oiseaux qui, dès que la nuit est venue, se dispersent de tous côtés, & vont répandre un nouveau Jour ?

Je ne me contente, reprit-elle, ni de vos rochers, ni de vos oiseaux. Cela ne laisseroit pas d’être joli ; mais, puisque la nature a donné tant de