Page:Fontenelle - Entretiens sur la pluralité des mondes.djvu/94

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six mille ans, répliquai-je en éclatant de rire, il leur fallut ce temps-là pour perfectionner la navigation jusqu’au point de pouvoir traverser l’Océan. Les gens de la Lune savent peut- être déjà faire de petits voyages dans l’air, à l’heure qu’il est, ils s’exercent ; quand ils seront plus habiles & plus expérimentés, nous les verrons, & Dieu sait quelle surprise. Vous êtes insupportable, dit-elle, de me pousser à bout avec un raisonnement aussi creux que celui-là. Si vous me fâchez, repris-je, je sais bien ce que j’ajouterai encore pour le fortifier. Remarquez que le monde se développe peu à peu. Les anciens se tenoient bien sûrs que la zone torride & les zones glaciales ne pouvoient être habitées à cause de l’excès ou du chaud ou du froid ; & du temps des Romains, la carte générale de la terre n’étoit guère plus étendue que la carte de leur empire, ce qui avoit de la grandeur en un sens, & marquoit beaucoup d’ignorance