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SOUVENIRS

Je suis loin de prétendre cependant que la piété ne soit pas souvent vraie et profonde chez beaucoup de prêtres et chez un grand nombre d’individus siciliens. Un climat brûlant, une oisiveté complète, entretiennent l’imagination dans un état de sensibilité vague et ardente. De là des joies vives et des douleurs profondes, des peines que la religion peut seule consoler, des déceptions contre lesquelles le sanctuaire est l’unique refuge. Par-tout où les passions sont exaltées, le culte de la divinité est plus fervent, les fautes sont plus fréquentes, et l’on sait bien que le repentir prie mieux que l’innocence. La peur du diable fait sur l’esprit des Siciliens la même impression que les histoires de revenans produisent sur l’imagination des enfans : ils jettent les hauts cris, se meurent d’épouvante ; mais ils voudraient cependant que le conte ne finit jamais. Le Sicilien le plus pauvre donne à un frère quêteur, de préférence à un malheureux estropié. Il ne le fait souvent que pour rassurer sa conscience contre la faute qu’il médite ou celle qu’il a commise.

Il paraît certain que S. Paul fonda le christianisme en Sicile. Cet apôtre, qui ne demeura