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SOUVENIRS

qu’elle serait encore fort admirée ; mais ce qui gâte un peu le souvenir des amours de cette nymphe et du fleuve Alphée, c’est la quantité de vieilles femmes dont le linge vient souiller cette onde si pure.

Nous remontâmes le fleuve Anapus, le seul navigable de la Sicile, qui prend sa source sous les murs de Buscemi, à trente-six milles de Syracuse, et se jette dans le grand port (24), après sa jonction avec les eaux limpides de la fontaine Cyané (25).

..............Et me dilexit Anapus,
Exorata tamen, nec, ut hæc, exterrita, nupsi.

(Ovid. Metamorph. lib. v, v. 417.)

Cette charmante fontaine devient dès sa source une petite rivière. Ses bords, à peine élevés de deux pieds, sont couverts de cannes, de roseaux et de grandes touffes de papyrus (26). On prétend qu’une jeune nymphe voulut s’opposer à l’enlèvement de Proserpine. Le ravisseur furieux s’ouvrit un chemin dans un gouffre, devenu l’urne de Cyané, qui se réunit ensuite avec l’Anapus, son bien-aimé. Non loin de là se trouvaient les temples de Cérès et de Proserpine, dus à la piété de Gélon, et renversés par Imilcon, ce