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SOUVENIRS

C’est du milieu de ces décombres que fut tiré, il y a dix-huit ans, ce fragment de la statue de Vénus que j’ai soigneusement dessiné et que M. Osterwald fera sans doute graver, comme une des plus précieuses reliques de l’art statuaire. Quel moelleux ! quelle souplesse ! Combien la Vénus de Médicis perdrait à être vue à côté de ce chef-d’œuvre ! Le sentiment de la vie, celui de la grâce, sont par-tout. Cette Callipyge est très-jeune ; sa gorge vient d’éclore ; et c’est la volupté elle-même qui dessina le torse, les hanches, la ligne onduleuse et pure de la partie inférieure de cette belle figure.

Pourquoi cette statue ne serait elle pas la Vénus Callipyge décrite par Athénée, Lampride et Archélaüs et donnée aux Syracusains par Héliogabale, ou peut-être la statue élevée à la déesse de la beauté par deux jeunes Syracusaines ? En se jouant au bord de l’Anapus, elles disputaient un jour sur l’éclat de leurs charmes. L’onde transparente du fleuve leur en révélait les plus secrètes perfections. Elles soumirent, dit-on, au jugement d’un jeune pâtre cette partie de leur corps qui est si admirable dans la statue que je viens de décrire. Cette imi-