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SOUVENIRS

prince de B***, j’ai trouvé en lui une grande politesse, une extrême complaisance, et que les lettres par lesquelles il m’a fait l’honneur de me répondre sont celles d’un homme très-obligeant et de très-bonne compagnie.

Au reste, à l’exception de quelques maisons, ou plutôt de quelques personnes, et sur-tout des Gioëni, des Recupero, des Gemmelaro, les nobles siciliens se visitent peu, et ne se réunissent jamais pour des fêtes ou de grands dîners. Les portes de leurs palais sont hermétiquement closes ; et, quoiqu’ils soient fort loin de manquer d’esprit et d’instruction, ils placent ordinairement leur confiance dans un confesseur et dans un procureur qui font toutes leurs affaires. Leurs plaisirs consistent parfois dans la société intime d’un barbier qui coiffe les dames, rase le maître de la maison, et fait le soir leur partie de calabresella. Cet homme amusant, important, raconte alors les histoires de la ville, les querelles des confréries de pénitens, ou les conflits des processions. Il s’entend avec le confesseur pour les mariages des filles de la maison, pour les placemens d’argent, et protège les amours de l’héritier. J’ai rencontré cinq ou six