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SOUVENIRS

victime de Syracuse : voilà les bords fortunés du fleuve Onobola, Mégare, et les rochers qui s’enorgueillissent encore des ruines de Taormine.

Le peintre, en poursuivant sa route, retrouvera les sublimes horreurs de ces torrens de scories noires et hideuses que l’Etna vomit jusqu’à la mer. Par-tout une végétation active couvre les bords de ces fleuves infernaux ; ils ont brisé de vieux ponts, se sont amoncelés devant des montagnes qui arrêtaient leur furie : sur ces montagnes d’une forme déchirée, s’élèvent des châteaux sarrasins, des murs crénelés, dont le style barbare contraste avec la forme élégante des aqueducs qui traversent la vallée.

Nous arrivâmes à Giardini, accablés par la chaleur de la tournée : ce hameau, situé au bas de la montagne de Taormine et sur la grève même de la mer, n’est habité que par des pêcheurs. Un prêtre vient d’y établir une petite auberge fort propre ; on y mange du poisson très-frais sur une terrasse dont la mer baigne le pied ; enfin l’on y est servi par une femme d’une figure agréable, contre l’usage sicilien, qui vous met toujours à la merci des camerieri. Nous montâmes le lendemain matin à