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SOUVENIRS

Aucun lieu de la Sicile n’offre moins de traces de l’antiquité que cette Messine dont Cicéron vante les monumens, et d’où Verrès enleva la statue de l’Amour de Praxitèle. Rien n’indique la place qu’occupèrent le temple d’Hercule et le palais de Caïus Heius : on imagine pourtant que l’église de Saint-Grégoire remplace le temple de Jupiter, et que celle de Saint-Philippe d’Argyre est construite des débris du temple de Pollux. Lorsque cette ville fut complétement détruite par Imilcon, général des Carthaginois, 399 ans avant J. C., un seul homme qui parvint, dit-on, à se sauver, traversa le détroit à la nage et se réfugia en Italie.

Les guerres civiles, la peste, les tremblemens de terre, ont plusieurs fois depuis décimé la population de Messine, qui était de cent mille habitans au commencement du siècle dernier, et qui se trouve à peine aujourd’hui de quarante mille ames, en y comprenant douze mille moines, religieux ou prêtres. Le nombre de ceux-ci augmente dans une singulière progression, et j’en ai acquis la certitude de la bouche même des principaux magistrats du pays. Les substitutions peuplent les couvens de femmes et les