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SOUVENIRS

ceux du couvent de Saint-Basile. On me recevait avec beaucoup de bonté dans ces grands monastères coupés de larges corridors, pavés de marbre et garnis de fontaines. La vie de ces moines est douce ; leurs jardins sont charmans ; les dignitaires se promènent dans une calèche traînée par des mules superbes ; ils lisent peu et boivent frais : aussi rien n’est-il moins persécuteur que le clergé de Messine. Je demandais à un Franciscain s’il avait visité le cap Pélore. Certo, me répondit-il, ci facciamo delle bellisime manggiate e che pesce[1] !

Les monts Pélore, si renommés chez les anciens par l’excellente qualité de leurs vins, sont une continuation des Apennins, et, après avoir traversé la Sicile sous différens noms, ils se dirigent vers l’Afrique. Le rivage de Messine, en tournant le promontoire de Pélore, n’offre rien de remarquable jusqu’à Milazzo, dont j’ai parlé au moment où je débarquais dans le golfe d’Olivieri. Près de là cependant fut le port

  1. La côte de Messine est très-poissonneuse, et les pêcheurs ont une adresse singulière. Il est fort amusant de les voir harponner un poisson très-délicat, connu sous le nom de pesce spada, le xiphias gladius de Linné.