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DE LA SICILE.

prétexte spécieux, c’est dans le désordre qu’on chercha le remède au mal. Peut-être n’eût-on pas eu de peine à obtenir une répartition plus juste et une perception plus facile de l’impôt, si la saine partie des habitans avait employé ses lumières à réclamer le redressement des torts, et son énergie à repousser le secours de la malveillance.

Il est pourtant vrai de dire que cette révolution s’exécutait à Naples d’une manière plus calme qu’on ne pourrait l’imaginer. L’extrême chaleur de la saison s’opposait à l’excès du trouble. Le désordre, quand il eut lieu, fut l’effet des précautions, d’ailleurs inutiles, que l’on prit contre la population pauvre, qui ne comprenait rien à tout ce qui se faisait ; elle ne saisissait pas le motif de ce changement : tout cela se passait en nuances pour elle ; et à Naples, comme ailleurs, il faut à la multitude, des faits, des résistances visibles. Encore une fois, ces différences dans les mots, dans les formules, ne regardaient pas les lazzaroni ; ils demeurèrent tranquilles, parce que la glace et le pain ne leur manquèrent jamais. Tout le reste disait : Bisogna imitare la Spania [il faut imiter l’Espagne]. Le