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NOTES.

romain ; qu’ils n’ont pas le droit de disposer de cette espèce de trophée qu’un illustre général, devenu maître d’une ville ennemie, avait voulu laisser à Ségeste comme un monument de cette importante conquête.

Verrès, bien loin de se ralentir, devient chaque jour plus pressant : mais sa demande, ayant été soumise au sénat, est suivie d’une réclamation générale ; de sorte que, dans ce voyage, le premier qu’il fit à Ségeste, il ne remporta qu’un refus absolu. Depuis cela, dans toutes les répartitions publiques, c’est-à-dire, autant de fois qu’il fut question d’exiger des rameurs, des matelots ou des grains, il ne manquait pas de taxer les Ségestains plus que tous les autres, et même au-delà de leurs forces : de plus, il mandait leurs magistrats ; il retenait auprès de lui les plus honnêtes gens et les plus qualifiés ; il les traînait dans tous les lieux où il tenait ses assises ; il déclarait à chacun d’eux en particulier qu’il le perdrait ; il ne parlait de rien moins que de ruiner la ville de fond en comble. Enfin les Ségestains, las de tant de persécutions, et craignant des maux plus grands encore, se déterminèrent à céder. En conséquence, au grand déplaisir de tous les habitans, au milieu des pleurs et des lamentations des hommes et des femmes, on propose au rabais le déplacement de la statue de Diane.

Vous jugerez, citoyens, de la sainteté de son culte, en apprenant qu’il ne trouva personne à