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NOTES.

Braccio-forte et sa femme Émilie demeurèrent interdits à la vue d’un cadavre prodigieux et d’une tête de la grosseur d’un tonneau. À cet aspect, Émilie, saisie d’horreur et presque mourante, avorta. Des gens maladroits ayant ensuite touché trop rudement le cadavre, il s’en alla tout-à-coup en poussière ; on ne conserva que les dents, chacune du poids de cinq onces. Celui-ci n’a donc plus deux cents coudées et des dents de cent onces. Comment assigner la cause d’une telle disproportion dans la structure de cette race de géans ? À la vérité, c’est après un intervalle de trente ans, c’est-à-dire, en l’année 1546, que cette histoire a été racontée à Fazelli, près de Calta Nisetta, par Antoine de Moncade, comte d’Adrani, ou plutôt par sa sœur Émilie. Il faut donc s’en rapporter au dire d’une femme : et ne pourrait-on pas la soupçonner de faiblesse et de superstition ? Une peinture exécutée dans la maison d’Émilie rappelait cette étrange circonstance de sa vie.

» Fazelli rapporte, en troisième lieu, que, tous les jours, à Milazzo, entre Lentini et Syracuse, on retire des tombeaux une quantité de grands ossemens. Mais ces os ont sans doute appartenu à des animaux, et ces sépulcres ont été autrefois des carrières qui peut-être, dans la suite, furent employées à la sépulture des morts. J’ai fait vainement,