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DE LA SICILE.

tructeur semble faire le siège de la ville sacrée ; il s’empare chaque année d’une rue, d’une colline immortelle. De vastes habitations, des jardins, des colonnades, frappent les yeux : on approche ; quelle solitude ! les portiques s’affaissent, les bassins demeurent à sec, les treilles sont renversées ; le toit qui a cédé, livre aux orages des voûtes couvertes de peintures et tout ce qui annonçait le luxe des anciens habitans de ces palais abandonnés. Là pourtant une jeune femme, consumée par la souffrance, allaite un enfant, fils de la douleur, et qui lui sera voué, s’il résiste à ses premiers maux.

Le silence des faubourgs de Transtevere et de la Longara n’est troublé que par le bruit des voitures de quelques étrangers qui cherchent la maison de Scipion, ou vont admirer Raphaël à la Farnesina. Au char du triomphateur a succédé le carrosse d’un cardinal ; un énorme parapluie, signe de la dignité des princes de l’église, figure sur l’impériale de cette voiture gothique, et remplace les enseignes romaines.

J’ai retrouvé ce Forum romanum, vaste cimetière de temples et de colonnes : il est devenu le champ de bataille de tous les antiquaires de Rome,