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NOTES.

ces statues, font les délices de tous les peuples de la Grèce ? Il ne faut qu’entendre leurs plaintes, pour juger de l’amertume de leurs regrets, quand on leur enlève ces ornemens, qui peuvent nous paraître futiles et méprisables. Croyez, juges, ce qu’il est impossible que vous n’ayez pas appris d’ailleurs, que de toutes les injustices que nos alliés ont éprouvées dans ces derniers temps, il n’en est point qui leur ait causé, qui leur cause encore une douleur plus vive que cet horrible pillage de leurs temples et de leurs villes.

Inutilement il nous dirait, selon sa coutume, qu’il a tout acheté. Vous pouvez vous en rapporter à moi, citoyens ; jamais ville de la Grèce ou de l’Asie n’a vendu librement ni statues, ni tableaux, ni rien de cette espèce : à moins que vous ne vous persuadiez peut-être que, depuis qu’on a cessé de rendre une exacte justice à Rome, les Grecs sont devenus indifférens pour ces productions du génie, que non-seulement ils ne vendaient pas, mais qu’ils achetaient auparavant. De bonne foi, s’imaginera-t-on que, Crassus, Scévola, Claudius, ces hommes si puissans, dont la magnificence a rendu l’édilité célèbre, n’ayant pu traiter avec eux pour aucun objet de cette nature, ce trafic ait commencé sous les édiles créés depuis le relâchement des tribunaux ? (Cicéron, Verr. IV, 52.)