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HISTOIRE INDIENNE.

et souvent une partie de la nuit, auprès de ce que la jeunesse et l’innocence offrirent jamais de plus noble et de plus touchant. « Tant mieux, me disais-je en la regardant, en l’écoutant : sois toujours un être d’une nature supérieure à l’espèce humaine. L’attrait de sa sensibilité, l’ensemble de ses perfections, n’élèvent-ils pas Solamé jusqu’à cette sphère idéale que les rêves de la médiocrité ne peuvent atteindre ? » Je m’abandonnais ainsi sans effroi à tous les prestiges qui troublaient et embellissaient mon existence. Ces idées me suivaient sous les forêts de palmiers aracques où j’accompagnais souvent M.lle d’Averney ; on y était caché à tous les yeux par les doubles haies de mangoustans et de cannes à sucre, entrelacées de bétel ; nous y prenions plus souvent encore nos repas. Quand les rayons du soleil couchant étaient trop incommodes, Solamé quittait un mouchoir de Paliacate, d’une extrême finesse, qui lui servait de turban et retenait se longs cheveux noirs : nous l’arrangions en guise de tente, en le fixant à de jeunes tiges de litchis ; je préparais ensuite la collation, des pommes de crème, des patates et du lait de coco.

Elle voulait alors que je lui disse ce que