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LE RAJAH DE BEDNOURE,

Solamé en rougissant, le nom du rajah de Bednoure), elle était si troublée par le souvenir des dangers auxquels nous venions d’échapper, et tellement hors d’état de prolonger son voyage, que notre établissement fut fixé dans la vallée déserte de Gattnura, sur les confins de la province de Ballapour.

» On y construisit des cabanes assez commodes, au bord d’un petit lac. Un bois épais dérobait la vue d’une chaumière vaste et mieux distribuée que les deux autres. Rien n’y rappelait l’architecture des palais de Bednoure et leurs kiosques dorés. Cependant ma mère adorait son époux ; ma mère était aimée : aussi oublia-t-elle bientôt les tapis d’Iran et les parfums de Bassora. Soumise à la destinée, elle s’habituait à ce nouveau genre de vie, et nous élevait, nous aimait, Misra et moi, avec une égale tendresse.

» Le plus cruel événement vint troubler nos premières années ; ma mère mourut. J’avais sept ans, quand une maladie violente nous l’enleva. Nous apprîmes par cette absence ce que c’était que la mort, dont le nom jusque-là ne s’était mêlé que parfois au récit des douces fables qui charmaient et berçaient nos veilles.