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SOUVENIRS

On regrettait alors à Rome un jurisconsulte célèbre, Bartolucci, dont je rencontrai l’enterrement. Il venait de terminer naguère, par ordre du Pape, le mélange de l’ancien code pontifical avec les lois françaises, et disait peu de jours avant sa mort : Morrò contento, sono infine riuscito di vestire da abbate il codice Napoleone.

Je me promenais souvent dans les ruines de la maison dorée de Néron, dans ce lieu marqué par des magnificences, des pompes, théâtre de tant de voluptés et de crimes. J’y jouis encore d’une fête, mais c’était la nature qui la donnait. Le soleil descendant vers la mer éclairait cette campagne de Rome riche de ces lignes de ruines, riche aussi de son abandon et belle de son deuil. Le reflet d’une lumière dorée en dessinait tous les plans, depuis le cirque Maxime, jusqu’au rivage d’Ostie. Enfin le lierre, le myrte, les fleurs suspendues en guirlande d’une arcade à l’autre se balançaient mollement au-dessus de ma tête. L’aigle s’élance encore des sommités de ce monument : mais il ne guide plus des légions victorieuses ; il n’intimide plus que les milliers d’oiseaux qui se jouent dans les caissons des