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HISTOIRE INDIENNE.

Tipoo-Saëb m’avait vue, que j’avais repoussé plusieurs fois ses secrets et honteux hommages. Le sultan osa demander ma servitude et mon déshonneur pour le prix de cet empire que Misra venait de recouvrer. Mon père fut appelé : il trouva Misra hors de lui. Tous deux s’unirent pour n’omettre aucun des moyens les plus puissans de fléchir le farouche Tipoo ; le rajah lui offrit même la moitié de ses états : tout fut inutile… On eut alors recours à la ruse ; une négociation parut s’entamer, et, tandis que Saëb se flattait de l’espérance de m’ensevelir dans son odieux harem, la fuite de mon père et la mienne furent décidées. Le plan en avait été si heureusement concerté, que nous étions arrivés à Cananor avant que l’on pût se douter à Bednoure d’un événement qui allait ensanglanter cette ville endormie dans les fêtes, et si heureuse du retour de son légitime souverain.

» La plus profonde indignation pouvait seule ranimer notre courage, quand, pour la première fois de ma vie, je dus être séparée de Misra. Je le suppliai vainement de nous suivre, de tout abandonner, ou de me laisser périr à