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LE RAJAH DE BEDNOURE,

nord-est gênait cette manœuvre : nos matelots indiens, encouragés par l’exemple des Malais, paraissaient disposés à les imiter.

William Makinston dont la bravoure et le caractère imposaient cependant encore à tout l’équipage, ne parvint qu’avec difficulté à l’obliger de nous dériver du moins vers la grève, parce que le vent était devenu assez violent. Deux embarcations se brisèrent alors sur la côte, et la nôtre allait éprouver le même sort : nous nous jetâmes en foule à la mer dès que nous aperçûmes le banc de sable sous les vagues, qui ne le laissaient à découvert quelques instans que pour t’envahir de nouveau avec une furie toujours croissante.

William Makinston portait Solamé ; je l’aidais à soutenir son père : on luttait contre la fureur des flots, qui nous ensevelissaient sous des montagnes d’écume. La lune était cachée par des nuages, et le canon du fort répondait seul aux cris d’une multitude de personnes qui trouvèrent la mort au milieu d’une fête.

Nous n’avions de l’eau que jusqu’à la hauteur de la poitrine ; mais les vagues nous faisaient souvent perdre tout l’espace que nous nous