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HISTOIRE INDIENNE.

à mon fils ; mais c’est encore sous le voile de l’amitié la plus pure que leurs destinées se sont liées à jamais. »

Je ne dissimulai pas à M. Makinston combien il m’en coûtait d’exiger une pareille confidence. Je m’en chargeai pourtant, quoique je visse bien peu de remède aux maux qui menaçaient Solamé.

Je ne pouvais m’habituer à l’idée d’un tel changement chez un être qui m’avait semblé supérieur à nos faiblesses, dont la douce vertu était d’un exemple aussi touchant que les grâces de sa personne avaient d’attrait et de séduction ; elle m’avait paru plus parfaite que toutes les autres femmes, pour qui son indulgence était extrême : encore avide d’illusions, je me trouvais à cette époque de la vie où l’imagination cherche à ressaisir les rêves qui lui échappent, où la méfiance est à la veille de tarir toutes les sources du bonheur. Souvent mes regards se détournaient du spectacle qui s’offrait à moi, et se reportaient sur l’égale monotonie de mon existence. Étais-je plus heureux que mes amis, pour être moins à plaindre qu’eux ? Qu’avais-je à faire d’une triste sécurité ? Mon cœur, dévoré de peines solitaires,