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LE RAJAH DE BEDNOURE,

pères. Depuis j’ai poursuivi des partis ennemis considérables ; ils sont anéantis. Brûlant de rejoindre enfin la grande armée qui attaque Seringapatnam, j’arrive à la tête des miens. On livrait un assaut : un colonel anglais est blessé à mes côtés ; je me précipite après lui dans la Cauveri, et je ramène William Makinston. On le nomme ; il essaya vainement de m’adresser quelques mots, et je reçus le dernier soupir de celui dont le seul nom allumait dans mon sang une rage insatiable. Quand je le vis étendu à mes pieds, je conçus une lâche espérance. Je me reprochai d’en avoir cru trop légèrement les témoins de l’inconstance de Solamé. Le trépas de cet homme calmait ma haine, et je lui faisais administrer encore des secours inutiles, lorsque la vue de ce talisman qu’il portait à son cou et que j’avais donné à Solamé, m’arracha la malédiction que nous ne prononçons jamais vainement contre ceux qui trahissent les sermens les plus saints de la nature… Qu’elle vive pour s’abreuver des larmes d’une douleur coupable ; je la livre à son propre mépris. Dites-lui que Misra va faire élever un monument dans