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SOUVENIRS

Je traversai rapidement Terracina, l’ancienne Anxur. À Fondi, je fus frappé du grand nombre des mendians et de la belle tenue des troupes ; j’étais dans les états du roi de Naples : ce sont sans doute les mêmes soldats sur lesquels Joachim fondait de si belles espérances, parce qu’ils manœuvraient comme l’ex-garde française…

Je m’arrête à Gaëte ; quelle douce chaleur ! Voici le midi de l’Italie. L’auberge est située près de la mer : appuyé sur le parapet d’un jardin en terrasse, je me laisse éblouir par cette lumière brillante. Les débris d’un temple, qui faisait, dit-on, partie de la maison de Cicéron, sont cachés sous des bois d’orangers chargés de fruits ; quelques cyprès s’élèvent et coupent la ligne ; enfin des colombes blanches se promènent avec confiance auprès de moi.

Le costume des femmes de Mola di Gaëta est pittoresque ; il n’a sans doute jamais varié depuis le voyage d’Horace : ces jeunes filles qu’il admirait, avaient les cheveux tressés et roulés avec une étoffe, et retenus par une grande épingle d’argent. Telles sont encore les habitantes de ces petites maisons qui se découpent sur des côteaux couverts d’oliviers et se répètent dans la mer.