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SOUVENIRS

encore éblouissant de lumière, annonçait la Sicile avec une inconcevable grandeur.

J’avais eu le projet de suivre la côte jusqu’à Palerme, de passer ainsi par Patti, Santa-Agata, San-Stefano, Cefalu et Termini ; mais j’en fus dégoûté par la cupidité, la mauvaise foi de l’homme qui me louait trois chevaux et offrait de m’accompagner. On se réunit pour m’assurer qu’il y avait peu de sûreté à voyager sans l’appui des campieri[1], sans lettres de recommandation pour les capitaines d’armes et les syndics. L’établissement récent de la conscription jetait dans les bois une quantité de vagabonds dont la rencontre eut été peu agréable. Tout ce que je vis d’habitans de ce pays pendant ces premiers jours, me parut pauvre, superstitieux, et d’une finesse voisine de la fausseté. Je dois dire aussi que l’expérience m’a ramené à des sentimens plus confians envers la population sicilienne.

La traversée d’Olivieri à Palerme fut assez rapide. Nous passâmes vis-à-vis d’un village abandonné, Joyosa Vecchia : ses ruines sont

  1. Garde-chasses et sergens des seigneurs et barons.