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DE LA SICILE.

temple de Ségeste (5) est du même ordre, mais d’une forme moins pure, que celui de Pœstum ; il est aussi d’une couleur moins chaude, et je ne sais où les dessinateurs employés par l’abbé de Saint-Non ont pu voir des arbres placés près de ce monument dorique : ils ont cru faire du pittoresque en le ruinant à la manière de Robert ; on ne saurait mentir plus gauchement. J’avais pu pardonner à Châtelet d’avoir gâté Palerme ; mais je ne saurais passer sous silence l’inexactitude des vues de Ségeste et des lignes de paysage qui l’environnent.

Après avoir dessiné ce temple avec soin et sans poésie, nous montâmes sur la colline, où se voient les débris du théâtre. Il est évident que cet édifice, dont les murs d’appui ont quarante pieds de hauteur et dont on trouve encore les vomitoires, était entouré d’habitations ; des monceaux de pierres taillées se découvrent de toutes parts. On ne doit pas chercher ailleurs l’ancienne Ségeste ; voilà l’emplacement de cette ville, qui se vantait d’être la sœur de Rome, mais dont la faiblesse n’en fut pas plus respectée par Verrès (6).

Castel-a-mare, qu’on aperçoit sur le rivage