Page:Formey - Mélanges philosophiques, Tome 2, 1754.djvu/447

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s'instruire des mœurs des peuples sauvages ?

Dépouillez l'esprit humain de la colère, bannissez le faux zèle du clergé, source de tant de maux ; vous ne sauriez pourtant toucher au vrai zèle, sans nous priver de tant d'écrits excellents, qui démontrent les vérités fondamentales du salut. Le zèle est l'appui de la justice, qui sans lui négligerait souvent d'infliger les punitions nécessaires ; et la colère elle-même produit divers biens que le sens froid aurait laissés à l'écart.

Mais toutes ces passions, direz-vous, sont encore supportables, pourvu que la haine, l'envie, le désir de vengeance, ces destructeurs du repos humain disparaissent ; on ne peut nier que les hommes n'y gagnassent beaucoup. Eh ! ne sont-ce pas ces crimes eux-mêmes d'où naissent tous les jours quantité de biens ? Combien de fois les envieux n'ont-ils pas procuré eux-mêmes l’élévation des objets de leur envie ? N’est-ce pas cette odieuse passion qui fit vendre Joseph et qui le mît en état de préserver des nations entières des horreurs de la famine et de leur perte totale ? Les mêmes principes criminels ne contribuèrent-ils pas à faire paraître à la cour du roi d’Egypte