Page:Forneret - Rien, 1983.djvu/15

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a dû apercevoir un affaissement sensible de terrain.

Dans des temps reculés, où chaque peuplade possédait son idiome, où femme, pouvait signifier, Dieu, pour les uns, Diable pour les autres, il y avait à l’endroit de cet éboulement intérieur, une pierre formant un carré long d’à peu près deux pieds et demi.

Le voile tremblotant qui recouvre la surface de l’enceinte, malgré sa pureté diaphane, empêchait souvent de lire les mots gravés sur cette dalle.

Voilà quels ils étaient :

Celvi qvi me sovlevera
avecqve Beavne perira

La main de Dieu qui, selon sa puissance, repousse ou fait avancer les siècles, semblable au vent qui chasse ou attire une feuille, la main de Dieu grava ces mots.

Des traditions anciennes comme le monde et vivaces comme lui, puisqu’elles n’ont pu se perdre à travers les torrents d’années qui ont roulé sur elles, — de ces traditions, vieilles filles de Saturne, moi, jeune homme, je vais essayer de rendre le bégaiement intelligible.

Noé qui, comme chacun le sait, planta la vigne, — avant de commettre cette action précieuse, Noé demanda permission à Dieu, le père de tous, afin d’explorer les différents pays de la terre. Avant de s’enivrer, Noé voulut choisir son lieu et place pour y faire croître et mûrir le raisin.

Noé eut raison.

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