Aller au contenu

Page:Fortier - Les mystères de Montréal, 1893.djvu/28

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
28
les mystères de montréal

— Oui, répondit-il, et je crois que nous sommes ceux qu’il vous faut… Vous ne pouviez mieux vous adresser.

Luc Bourdages avait été autrefois un des partisans du gouvernement. Aujourd’hui cependant, s’apercevant que le dévouement des Canadiens-français était pris pour une chose obligatoire, il appuyait de toutes ses forces ceux qui revendiquaient leurs droits.

— Depuis longtemps, reprit Duval, en serrant la main du vaillant défenseur, je connaissais le patriotisme de la majeure partie de la paroisse, aussi j’étais certain de ne pas être refusé par un bon nombre.

— D’autant plus, continua Bourdages, que cette cause nous est commune à tous. Si nous sauvegardons nos droits menacés, nous vivrons comme nos pères avant la conquête : mieux que cela même, car nous n’aurons pas à subir les caprices d’un roi qui vend ses sujets pour entretenir ses prostituées…

Bravo ! C’est vrai ! cria-t-on des quatre coins de l’appartement.

L’assemblée était exaltée, exaltée dans le vrai sens du mot, sous le coup de ce délire qui fait accomplir les grandes actions.

Quand les patriotes furent revenus de leur premier enthousiasme, le notaire Duval monta sur une chaise et leur parla ainsi :

— Je n’ai pas besoin de vous dire où en sont les choses, vous le savez aussi bien que moi… Nous ne sommes pas dans un temps ordinaire, mais dans une