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le pouce crochu

Georget s’y attendait et ne réclama point.

Il savait bien qu’on finirait par se lasser de le garder, et qu’un jour ou l’autre on le mettrait dehors.

Ce qui lui parut le plus pénible, ce fut d’être enfermé dans une salle commune avec des malandrins de toute espèce. Mais il prit son mal en patience et il sut se préserver des contacts dangereux. Il eut même le courage de ne pas se réclamer de mademoiselle Monistrol, alors qu’il n’aurait eu qu’à lui écrire pour qu’elle vînt le délivrer.

Le brave enfant ne se plaignait que d’une chose : c’était de n’avoir pu assister à l’enterrement de son père qu’on avait jeté à la fosse commune, mais il maudissait de tout son cœur ce Zig-Zag et cette Amanda qui l’avaient fait orphelin.

Et il se jurait à lui-même de reprendre la chasse qui avait si mal tourné, de les traquer, et finalement de les livrer à la justice pour venger à la fois le père de Camille et le sien.

Ce que Courapied n’avait pu faire, il le ferait lui, Georget.

Les gros poissons restent dans la nasse et les petits passent à travers les mailles. Et puis, Georget n’avait pas les défauts de son père. Il ne buvait pas et il ne se laissait jamais aller au découragement. Il devait réussir.

En attendant qu’on se décidât à lui donner la clé des champs, il préparait des plans de campagne.

Il avait deviné que Zig-Zag et sa digne compagne étaient restés à Paris et que ce n’était plus dans les foires qu’il fallait les chercher, mais dans les lieux de plaisir. Et il se disait : — Je gagnerai ma vie à appeler les voitures et à ouvrir les portières à la sortie des théâtres. J’y mettrai le temps, mais je finirai bien par les rencontrer.

Il en était là de ses projets, lorsqu’un matin, après