Page:Foucaux - La Reconnaissance de Sakountala.djvu/137

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la coupe que formait une feuille de lotus n’a-t-elle pas été versée dans ta main ?

le roi. Nous écoutons toujours.

sakountalâ. Alors s’est approché le jeune faon nommé Dirghâpanga, mon enfant adoptif, et tu l’as engagé avec douceur à prendre l’eau, en disant : « qu’il boive le premier ! » mais lui, qui ne te connaissait pas, ne s’est pas approché de ta main. Puis il est venu avec confiance chercher l’eau dans ma main. Alors, tu as souri en le voyant et tu as dit : « Tout être a confiance en ses pareils ; tous les deux, en effet, vous êtes des habitants de la forêt ! »

le roi. C’est par des paroles fausses et mielleuses comme celles-ci, prononcées par des femmes qui regrettent ce qu’elles ont fait, que les voluptueux sont séduits !

gâutamî. Grand roi, gardez-vous d’une pensée pareille ! Élevée dans les bois de l’ermitage, cette jeune personne ne connaît pas l’art de tromper.

le roi. Respectable pénitente,

« La ruse du sexe féminin se montre même en dehors de l’espèce humaine ; qu’est-ce donc chez les êtres doués de jugement ? Avant que leur jeune famille ne s’envole dans les airs, les femelles des kôkilas[1] la font nourrir par d’autres oiseaux. »

  1. Le Kôkila, coucou indien, comme celui d’Eu-