Page:Fougeret de Monbron - Le Canapé couleur de feu.djvu/100

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avec la fille de la maison, qui était à peu près de son âge et qui avait des inclinations fort libertines, les corrompit en peu de temps toutes deux.

Elles devinrent deux confidentes et deux compagnes inséparables et s’apprirent l’une à l’autre cent petits jeux.

Notre étrangère paraissant fort ingénue, fort retenue et prude, la dame n’était jamais plus contente que lorsque la fille gardait la maison avec la baronne.

Cependant, comme dans un âge si tendre il est ordinaire aux filles de ressentir certains petits mouvements et de se découvrir ce qui se passe en elles-mêmes, elles se donnèrent si bien l’une à l’autre à connaître leur complexion, la fille, nommée Judith, expliqua si bien à la baronne ce qu’elle ressentait et les empressements où elle était d’être chatouillée, que cette savante maîtresse lui suggéra le secret des godemichés, si fort en usage dans les cloîtres de filles.

À la première déclaration qu’elle lui fit de ce terme, Judith lui dit qu’elle ne comprenait rien à la disposition ni à l’usage de cet instrument. La baronne railla son innocence et se fit conscience de l’en vouloir instruire. Cette fille, curieuse et impatiente, la pria si instamment de