Page:Fougeret de Monbron - Le Canapé couleur de feu.djvu/114

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Bragincour, qui voyait qu’on le faisait auteur de tous les bruits et les petits désordres que cette jeunesse fait la nuit, obtint une chambre en particulier, qui n’était séparée que par un mur de celles des autres, où il avait son lit et son feu.

Il n’y avait point de jour qu’il ne s’assemblassent pour aviser aux moyens de lui tendre un piège, afin de le dégoûter du service. À force de méditer et de conférer ensemble, comme il y en a toujours quelques-uns plus malicieux que les autres, un d’entre eux s’avisa d’un expédient ou d’un tour qui mit la vie du pauvre Bragincour en danger.

La cheminée de la chambre du page favori et celle de ses camarades étant adossées et n’ayant à cinq ou six pieds, pris de la hauteur du manteau, qu’un même tuyau, on pouvait monter, avec le secours d’une petite échelle, et se faire un passage de communication d’une chambre à l’autre. Ils subornèrent, à l’appétit de quelque argent, un petit ramoneur revêtu de tous ses haillons, habillé de toutes ses guenilles et couvert de tous ses masques, à qui ils mirent une baguette à la main pour en frapper le pauvre Bragincour.

Ils avaient accoutumé de se lever à sept heures,