Page:Fougeret de Monbron - Le Canapé couleur de feu.djvu/117

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convaincu des choses et que ses yeux virent un objet fort aimable.

Jamais médecin ne fit plus pour le soulagement d’un malade que ce prince, qui était devenu celui d’Angélique, fit pour ce page. Il le mit dans le lit, se fit apporter des restaurants qu’il lui servit lui-même, afin de lui faire reprendre ses esprits et le tirer de son égarement. Enfin, l’on peut dire qu’il n’omit rien de tout ce qui pouvait rendre à son favori son assiette ordinaire.

Il ne travailla pas en vain. Bragincour revint en peu d’heures de ses rêveries, et son visage devint aussi serein et vermeil qu’auparavant.

Le prince, ayant recommandé le secret de la découverte au gouverneur de ses pages, à qui il ordonna de traiter celui-ci toujours à l’ordinaire, fit rhabiller Bragincour et lui commanda de le suivre jusqu’à sa chambre, où, s’étant enfermé avec lui, il le porta doucement à lui déclarer ce qui l’avait obligé à déguiser son sexe et à taire sa naissance.

Quant à sa naissance, cette fille adroite demeura, dans les mêmes termes, à la réserve de ce qu’elle se dit sœur aînée de Mlle Lilie, et que son nom était Sara. Sur les raisons qui l’avaient