Page:Fougeret de Monbron - Le Canapé couleur de feu.djvu/69

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repos. Ce père l’entretient tous les jours au parloir, flatte tous ses désirs et lui promet de faciliter son changement, sur ce qu’elle lui témoignait de vouloir passer en un autre monastère.

En effet, il sollicita puissamment l’archevêque de donner les mains à sa sortie ; mais comme elle eût été scandaleuse et eût tiré à quelque conséquence, ses poursuites furent sans effet ; refus qui l’irrita tellement qu’il entra dans des sentiments d’aversion pour son prélat et de pitié sur l’état déplorable de la nouvelle professe.

Quelques étroites que fussent d’abord ses intentions et de quelque motif de charité qu’il parût d’abord animé, les larmes d’Angélique le touchèrent enfin, de sorte qu’il se résolut de la tirer de son esclavage. Il n’était pas cependant fort aisé à ce père de seconder la résolution où était cette fille de s’affranchir de sa servitude et de rompre ses fers. Il est vrai qu’il s’était acquis une réputation de sainteté ; que les parloirs lui étaient ouverts à toute heure ; mais outre que les murs du jardin étaient fort élevés, c’était beaucoup oser et exposer sa vie que d’enlever une fille sur les démarches de laquelle on veillait fort exactement.

À force de méditer, cet hypocrite trouva de