Page:Fougeret de Monbron - Le Canapé couleur de feu.djvu/82

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se servir de lui dans la présente conjoncture des choses ; c’est ce qui la porta à lui donner sa main et à lui protester que, puisqu’il la voyait dans la résolution de lui vouloir rendre de bons offices, elle partageait avec lui ce qu’elle espérait obtenir des libéralités du jésuite.

Ces amants de nouvelle date se donnèrent donc mutuellement la main et un baiser là-dessus, et ce fut ensuite de cette privauté que ce cavalier affamé dit à la sœur Angélique qu’elle devait bien ménager les choses ; que le père, sans doute, avait de l’argent, et qu’elle devait tellement feindre de s’attacher à lui qu’il la rendît la dépositaire de tout son butin, par l’appréhension qu’il ne l’abandonnât dans la suite. Ce qu’ayant promis d’exécuter, elle dit à ce nouveau favori qu’il devait s’offrir de les venir conduire jusqu’à Chambéry, et que là ils aviseraient de la manière dont ils se déferaient du père.

Tout ceci bien concerté, l’hôte cavalier se retira après avoir donné quelque liberté à ses mains, qu’Angélique souffrit pour ne pas effaroucher une personne dont elle avait besoin et qui la pouvait perdre.

Il n’était pas encore cinq heures sonnées quand notre cavalier éveilla ses hôtes. Il loua des che-