Page:Fougeret de Monbron - Le Cosmopolite.djvu/102

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de se former une idée exacte ; il faut l’avoir vu. Ici un Marchand d’Orviétan, exhaussé sur un échafaut de trois ou quatre planches, présente aux yeux du Peuple une fiole pleine d’un Élixir, qui, par sa vertu merveilleuse, émousse le tranchant du ciseau d’Atropos, & ressuscite les trépassés. À quelques pas delà son confrère lui lançant un regard ironique en haussant les épaules, avertit charitablement son auditoire qu’il n’y a pas un plus grand empoisonneur dans le monde : en même-temps il leur montre une petite boîte où est renfermé le remède universel : c’est un baume, dit-il, qui, pris intérieurement, ou appliqué en topique, fait des cures miraculeuses ; apoplexies, vertiges, gouttes, rhumatismes, humeurs froides, ulcères invétérés, morsures venimeuses, playes incurables ; il n’est pas un de ces maux qui ne cède sur le champ à l’efficacité du Spécifique : enfin, le harangueur, pour prouver qu’il n’en im-