Page:Fougeret de Monbron - Le Cosmopolite.djvu/124

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promptement mes finances, & la rage de courir me possédant plus que jamais, je dirigeai mes pas vers le Brandebourg. J’avois formé depuis long-temps le dessein de faire ce voyage. Il me tardoit d’admirer le Salomon du Nord,[1] & de remonter, pour ainsi dire, à la source de toutes les merveilles que la Renommée publioit de lui. J’arrivai à Berlin rempli de ces douces & flatteuses espérances. Mr. de Va.... à qui j’étois recommandé de bonne part, me reçut très-bien, & m’introduisit dans plusieurs des principales maisons de la Ville, où je fus comblé de politesse. Il en est d’un Étranger comme d’un Débutant au Théâtre : on le traite pour l’ordinaire avec indulgence, & souvent on lui suppose des qualités qu’il n’a point. On jugea de moi si favorablement, qu’on ne s’en tint pas à la supposition : j’eus le malheur d’être décidé

  1. Mr. de Voltaire appelle ainsi le Roi de Prusse.