Page:Fougeret de Monbron - Le Cosmopolite.djvu/133

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obligé de faire venir un détachement des Gardes du Corps. Il faut rendre justice à ces Messieurs ; quoiqu’entièrement dévoués au service du Roi, ce ne fut pas sans beaucoup de répugnance qu’ils exécutèrent ses Ordres : mais la loi du devoir les forçant d’étouffer les nobles sentiments de générosité & de pitié dont ils se sentoient émus, ils balayèrent le Salon dans la minute.[1] La chose se passa avec tant de rumeur, de confusion & de désordre, que cela ressembloit parfaitement à l’enlèvement des Sabines : avec cette différence pourtant que la violence qu’on fit à celles-ci avoit un motif plus flatteur pour leur amour-propre ; car on conviendra qu’il est plus honorable à de jolies femmes de se voir enlevées que chassées. Finalement, les pauvres Parisiennes perdirent leur étalage, & les pompons de

  1. Il n’y eut que feu Mad. de la Marteliere qui fut respectée ; aussi étoit-il bien juste que l’image vivante de la mere des amours fût privilégiée.