Page:Fougeret de Monbron - Le Cosmopolite.djvu/30

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ne suis point de ce sentiment-là. Je crois seulement qu’il est le plus commode & le moins gênant. Les hommes & les femmes m’y paroissent fort à leur aise ; mais en même-temps il m’est impossible de démêler la forme humaine sous l’ampleur de leurs pélisses & de ces caleçons volumineux qui leur flottent sur les pieds. La Nature ne nous a-t-elle dessinés comme elle a fait, que pour défigurer son ouvrage ? Je ne saurois me le persuader. Les proportions exactes de nos membres, la tournure de nos jambes, celle de nos épaules & de notre taille sont sans doute des ornements qu’elle n’avoit pas dessein que nous cachassions. Ainsi je ne puis m’imaginer que mon opinion soit un effet du préjugé, quand j’ose décider en faveur d’un habit qui paroît le plus conforme aux intentions de la Nature. Les Turcs se doutent si peu qu’il y ait un mérite à avoir la taille belle, que les femmes les plus rondes & les plus po-