Page:Fougeret de Monbron - Le Cosmopolite.djvu/51

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& non pas l’envie secrete de le faire. Sans le préjugé de la réputation & la crainte des châtiments, on n’auroit jamais connu le nom de vertu. Ce sont ces deux liens qui retiennent les hommes, & font leur sûreté réciproque.

On sera peut-être surpris qu’avec des sentiments si extraordinaires, je puisse demeurer dans le tumulte du monde : mais il faut que l’on sache que je suis un Être isolé au milieu des vivants ; que l’Univers est pour moi un spectacle continu, où je prends mes récréations gratis ; & que je regarde les humains comme des Bateleurs, qui me font quelquefois rire, quoique je ne les aime, ni ne les estime. D’ailleurs, on ne sauroit être éternellement livré à soi-même ; un peu de compagnie, bonne ou mauvaise, aide à passer le temps.

J’ai remarqué que le seul moyen de se rendre la vie gracieuse dans le commerce des hommes, c’est d’effleurer leur connoissance, & de les quitter,