Page:Fougeret de Monbron - Le Cosmopolite.djvu/64

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portent chez eux quelque bronze mutilé, ou quelque vieux chiffon de peinture, on trouve alors qu’ils ont très-bien employé leur temps, & on les regarde comme des gens éduqués au parfait.

Mais revenons à ce qui me concerne. Depuis que j’avois rompu avec Mr. le Comte, je trottois toute la journée comme un coureur de bénéfices pour voir des curiosités & semer des testons.[1] Je ne rougirai point d’avouer que parmi tant de belles choses que j’ai vues, il y en a beaucoup que je n’ai trouvé telles que sur la foi d’autrui, & point du tout sur le rapport de mes yeux. Puisse cet aveu sincere de mon ignorance servir de leçon à ces dissertateurs indiscrets & bavards, qui ont la fureur éternelle de juger de ce qu’ils n’entendent pas, & qui, comme le Marquis de Mascarille,[2] savent tout sans avoir rien

  1. Le teston vaut trois paules, ce qui fait à peu près trente-trois sols de notre monnoie.
  2. Personnage des précieuses Ridicules de Molière.