Page:Fougeret de Monbron - Le Cosmopolite.djvu/74

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Amant. Elle avoit eu l’art de faire accroire aux habitants de Cumes, qu’elle ne se renfermoit en ce ténébreux réduit que pour être plus recueillie, & n’être point troublée dans ses méditations. Ce stratagême lui réussit d’autant mieux, que l’austérité apparente de ses mœurs l’avoit mise en grand crédit parmi ses Concitoyens. Le Vulgaire crut insensiblement, la voyant s’absenter si souvent, que le Dieu lui apparoissoit en cet endroit & lui révéloit ses mysteres. Ainsi l’amour fut de tout temps ingénieux à controuver des moyens pour cacher ses intrigues ; & l’ignorance superstitieuse, toujours avide du merveilleux, a souvent donné une interprétation sacrée aux démarches les plus profanes. Combien est-il encore aujourd’hui de fausses Prudes, qui, à l’exemple de la Sybille, savent se conserver l’estime & le respect général sans qu’il en coûte rien à leurs passions ! Combien d’Hypocrites enfroqués, qui, couvrant