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CHAPITRE II

MORALE DE DESCARTES


I. — L’influence du cartésianisme en morale fut beaucoup plus grande qu’il ne le semble au premier abord. Il est de mode d’attribuer peu d’importance à la morale de Descartes. On croit qu’il s’en est tenu à sa « morale de provision », ou que, pour l’enrichir, il a emprunté aux anciens quelques maximes.

Un critique éminent a dit qu’ « il n’y a pas de morale cartésienne » ; ou, si l’on veut qu’il y en ait une, « ce sera, dit M. Brunetière, la morale de Montaigne, celle des sceptiques de tous les temps et de toutes les écoles : vivons comme nous voyons qu’on vit autour de nous, et ne nous mêlons pas de réformer le monde… On dirait en vérité que toutes les questions qui regardent la conduite n’ont pas d’importance à ses yeux. » Nous ne saurions nous ranger à cette opinion. Descartes nous dit, il est vrai, qu’il avait coutume de « refuser d’écrire ses pensées sur la morale, parce qu’il n’y a point de